Captain Fuzz
Résident et Membre du BOTS
Je suis né à Lyon (France) en 1965. Dès l’enfance je me suis senti attiré par la culture anglo-saxonne, tout me paraissait tellement mieux, tellement magique, Mission Impossible c’était tellement mieux que les Brigades du Tigre, l’équipe de Liverpool était tellement plus excitante à supporter que l’Olympique Lyonnais, The Rubettes étaient beaucoup plus fun que Michel Sardou, etc. J’ai, par conséquent, contracté le virus du « soft power » et bien évidemment des paradoxes qui vont avec, c’est-à-dire « souffrir d’un trouble de la personnalité » qui consiste à être psychiquement français mais ne jurer que par ce qui est « anglo-saxon ». J’ai réussi à ne pas devenir schizophrène mais je ne suis jamais parvenu à me détacher de l’hypothèse que les sons anglais et américains étaient au dessus du lot. Je suis donc un « égaré psychique » qui a choisi les années soixante comme maladie mentale.
Par chance, en 1979 âgé de quatorze ans, je suis scolarisé près du quartier de l’Hôtel de Ville à Lyon où toutes les tribus (punks, skinheads, Mods, etc.) convergeaient de la toute fin des années 70 au début des années 80 car c’est à cet endroit que l’on pouvait acheter des instruments de musique, des vinyles, des vêtements et bien évidemment « avoir son quart d’heure de gloire ». Comme beaucoup de gamins de cette époque qui n’avaient personne pour leur expliquer « quoi écouter », on faisait son apprentissage « seul ». Je dirais que mon CAP de rocker je l’ai validé à l’adolescence parce que je me suis retrouvé à « la bonne époque » au « bon endroit », il suffisait d’observer autour de soi et de « faire pareil » ou pas.
A partir de 1980, j’avais commencé à comprendre que les Mods portent des parkas, se déplacent en scooter, écoutent The Jam et sont « pas aimés » par les punks et les skinheads. Dans le contexte de cette époque, d’un côté, j’enviais la « suffisance » des Mods mais d’un autre côté, elle me renvoyait une forme de violence symbolique, celle d’être un « prolo ». De ce fait, par conflit de loyauté envers ma classe sociale devenir un clone de Paul WELLER me paraissait compliqué. A la recherche de « sensations extraordinaires », je suis tombé à l’été 1983 sur « Rolled Gold » des Rolling Stones, un double album vinyle avec des morceaux situés entre 1964 et 1968. A partir de cette date je n’ai pas été en capacité d’entendre parler d’autre chose que des années soixante (ou de leurs avatars).
En décembre de la même année, j’allais sur mes 19 ans je me suis rendu seul à Londres afin d’aller à une soirée Mod. J’étais le plus âgé ce soir-là, les gens avaient maxi 17 ans, c’était la première fois que j’écoutais de la northern soul et que je voyais des mecs de quinze ans en mocassins blancs. Même si ce court séjour londonien de décembre 1983 m’a permis de « vérifier » que « prolo » et Mod pouvaient se croiser je me suis inventé un style, je n’existais et ne parvenais à trouver mon style qu’à travers les Mods mais sans jamais être comme eux. Certaines personnes dans les années 80/90 se sont senties obligées de me faire des remarques concernant le fait que j’avais une appétence pour le garage. Je ne sais pas où ces dernières partent en vacances mais ce qui est sûr pas en Angleterre dans les soirées Mods car je ne les ai jamais vues. Je me suis amusé durant quatre décennies à être « finalement » Mod mais « à ma sauce ».
Je vais terminer par une phrase de quelqu’un pour qui j’ai le plus grand respect, « …you could be a Mod but without slavishy having to be part of the Mod scene… » Eddie PILLER